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MORT ET FIN AMOR DANS LA POESIE D OC ET D OIL AUX XIIE ET XIIIE SIECLES
TOURY MARIE-NOELLE
La fin'amor repose sur un paradoxe et aboutit à une impasse. Prônant un amour essentiellement stérile, elle est vouée à l'échec et à l'épuisement. Or elle a constitué, pendant deux siècles, la matière quasi inépuisable d'une très abondante production poétique en pays d'oc et en pays d'oïl. Les troubadours, puis les trouvères, poussant jusqu'au bout ses implications, ont mis en relief l'impossibilité de la vivre et ont chanté comment cet amour-là pouvait mener à la mort. Pourtant ce ne sont pas leurs déclarations, nombreuses variantes de " je meurs en aimant " qui peuvent exprimer un amour mortifère. Celles-ci ne servent en réalité qu'à appuyer la requête auprès de la Dame, en affirmant un amour tellement absolu qu'il ne peut se mesurer qu'à l'aune de la mort. La mort d'amour se dit autrement, et poétiquement, à travers les nombreux substituts que sont, entre autres, la dépossession de soi, la fuite, la folie, le renoncement à l'amour et surtout l'abandon du chant. Les " chansons de néant ", lorsqu'elles mettent l'amour en relation avec le néant, soulignent son naufrage inévitable vers la mort. Enfin deux personnages emblématiques de cette mort, Tristan et Narcisse, auxquels s'identifient les poètes, occupent une place importante dans les chansons. Finalement seule compte pour le poète l'excellence de son chant que le désespoir sublime et que le motif de la mort d'amour permet d'exalter.